Les grandes distances médicales : souffrance ou nécessité ?

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Le trajet de trop

Dunkerque–Paris : 296 kilomètres. Trois heures de route dans le meilleur des cas. Pour Marc, 58 ans, atteint d'un cancer rare, ce parcours est devenu son couloir régulier. Chaque semaine, taxi VSL à l'aube, retour dans la soirée. Il dit que le traitement est supportable, mais le trajet, lui, le brise. « C'est là que je souffre le plus », confie‑t-il. Le transport longue distance n'est pas une option, c'est une obligation, imposée par l'absence de spécialistes dans son secteur.

Quand la distance isole

Le problème n'est pas seulement physique. Ces patients deviennent des exilés de la santé. Marie, 72 ans, vit à Calais. Ses rendez‑vous de cardiologie sont à Lille. Deux heures aller‑retour, qu'elle fait trois fois par mois. Sa fille habite près de chez elle, mais ne peut jamais l'accompagner : les horaires sont imprévisibles. Résultat : un sentiment d'isolement, renforcé par l'éloignement. On soigne son cœur, mais on fragilise ses liens sociaux.

Le coût caché

On parle rarement du coût social de ces distances. Bien sûr, la CPAM prend en charge les trajets, mais qui paie le prix invisible ? Le patient, épuisé par des journées de huit heures pour un rendez‑vous d'une demi‑heure. Les proches, qui ne peuvent pas toujours suivre. Les chauffeurs, contraints d'attendre ou de rouler à vide. Ce coût‑là n'apparaît sur aucune facture, mais il pèse lourd dans le quotidien de ceux qui le vivent.

L'usure silencieuse

Certains finissent par renoncer. Pas au soin – encore que – mais à la régularité. Un rendez‑vous sauté par fatigue, un autre reporté faute de motivation. L'éloignement devient une forme de sélection naturelle : seuls les plus résistants tiennent le rythme. Les autres s'abandonnent, doucement. Le système transforme la distance en barrière invisible, en épreuve qui dépasse parfois la maladie elle‑même.

Faut‑il réinventer la carte des soins ?

Le débat est là. Faut‑il continuer à concentrer les spécialités dans quelques grandes villes au nom de l'efficacité, quitte à multiplier ces trajets déshumanisants ? Ou faut‑il repenser la proximité, investir dans des antennes régionales, miser sur la télémédecine pour limiter les déplacements ? Aujourd'hui, l'État fait semblant de ne pas voir. Mais la question est urgente : jusqu'à quand imposera‑t-on à des malades fragiles de parcourir la France pour accéder à leur droit le plus élémentaire – se soigner ?

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